[Opinion] Le rebond spectaculaire de l’économie américaine

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L’économie américaine a créé 916 000 nouveaux emplois pendant le seul mois de mars ! Le taux de chômage est tombé à 6%, son plus bas niveau depuis le début de l’épidémie de COVID-19.

Près de 350 000 personnes ont retrouvé du travail. Ces chiffres, qui démontrent la vitalité exceptionnelle de l’économie de la première puissance mondiale, ont surpris même les plus optimistes des analystes financiers.

Plus impressionnant encore, ces données ont été collectées avant que les plupart des États n’accélèrent la vaccination et que les ménages ne reçoivent le chèque d’aide fédérale de 1400 dollars. Daniel Zhao, expert en prévision économiques pour le site Glassdoor, spécialisé dans le monde du travail et du recrutement, indique : « Le rapport d’activité du mois de mars est le plus encourageant depuis le début de la crise épidémique. Ce n’est pas le premier mois positif, ni celui montrant la croissance la plus forte en création d’emplois, mais le premier qui permet de voir une fin de crise. »

L’économie américaine démontre une fois de plus sa remarquable réactivité. Sur 153 millions d’emplois en février 2020, plus de 20 millions avaient disparu en quelques semaines (avril 2020). De 2016 à début 2020, sous la présidence Trump, le taux de chômage n’avait cessé de baisser pour atteindre une situation proche du plein emploi (3,5%). Avec l’explosion de la première vague épidémique, le chômage était monté à 14,7% en avril 2020, le taux le plus élevé depuis juin 1940. À titre de comparaison, il était de 10,1% au cœur de la Grande Récession de 2009. La presse française titrait « les Etats-Unis découvrent le chômage de masse » (Les Echos du 14 mai 2020). Le solde reste évidemment négatif (-8.4 millions d’emplois en mars 2021) et, même si les entreprises et administrations continuent sur le même rythme de créations d’emplois, il faudra encore des mois pour revenir à la situation de début 2020. De plus, une nouvelle vague épidémique pourrait rapidement effacer tout ou partie des progrès remarquables des dernières semaines. C’est ce qui s’est passé l’hiver dernier, pendant lequel de nouvelles flambées de cas avaient annulé la reprise graduelle constatée depuis l’été.

Les économistes ne croient cependant pas en la répétition d’un tel scénario. Plus d’un quart des adultes américains ont reçu au moins une première dose de vaccin et, chaque jour, ils sont plus de 2 millions à être vaccinés. Le risque économique d’une nouvelle vague diminue donc, et les beaux jours reviennent. D’autre part, la croissance observée en mars paraît d’autant plus solide qu’elle ne repose pas sur un nombre limité de secteurs mais concerne tous les piliers économiques. Le secteur du tourisme et de l’hôtellerie, parmi les plus touchés, a créé 280 000 emplois alors que les Américains reprennent leurs habitudes au restaurant et visitent les parcs d’attraction. La construction a repris une activité dynamique, après les tempêtes hivernales de février. Résultat : 110 000 nouveaux emplois en un mois. Les écoles, publiques et privées, ont participé à l’embellie avec le retour de 190 000 postes. Encore plus significatif : des secteurs comme la distribution, la production manufacturière, le transport ont eux aussi repris une croissance. La surprise de mars ne se limite donc pas à la réouverture de secteurs littéralement fermés par la crise. Le niveau de confiance s’est renforcé. Amy Glaser, Vice-Présidente chez Adecco, géant mondial du recrutement, note qu’un nombre croissant de ses clients cherchent à convertir des contrats temporaires en permanents. « Ces 6 dernières semaines, le ton de nos échanges a totalement changé. Alors qu’en 2020 on passait notre temps à prévoir le pire pour limiter les dommages, nos clients nous demandent aujourd’hui de l’aide pour s’assurer de pleinement profiter du rebond économique ». On note en effet que, si les créations d’emplois en janvier et février comprenaient une part importante de contrats à durée déterminée, leur nombre est resté stable en mars. Cela confirme que la hausse est alimentée par des emplois permanents.

Sur le plan de la demande en services et biens de consommation, les entreprises ont bien compris qu’un véritable pactole était à leur portée. Sans compter les chèques d’aide fédérale (1400 dollars par ménage éligible), les foyers américains ont mille milliards de dollars d’épargne de plus qu’avant le début de l’épidémie ! On connaît la propension des Américains à dépenser leurs économies. Un sondage réalisé par SurveyMonkey pour The New York Times indique que 35% d’entre eux prévoient de voyager plus lors des 12 prochains mois qu’en temps normal. 28% veulent dépenser plus au restaurant et 70% des adultes interrogés sont décidés à casser leur tirelire sur un moins un secteur d’achats. Première puissance économique mondiale, et jeune nation, les États-Unis continuent de surprendre par leur vitalité, alors que les mesures fédérales de soutien économique ne sont pas encore en place.

Ludovic Lavaucelle

Source : New York Times

Cet article est republié à partir de La Sélection du Jour.


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